Serge Atlaoui de retour en France après 18 ans de détention en Indonésie... |
Après 18 ans de détention en Indonésie, dont plusieurs passés sous la menace d'une exécution, Serge Atlaoui rentre en France mercredi 5 février. Condamné à mort en 2007 pour trafic de drogue, cet artisan soudeur de 61 ans, qui a toujours clamé son innocence, atterrira mercredi matin à Paris avant d’être incarcéré.
Serge Atlaoui, un Français condamné à mort en Indonésie en 2007 pour trafic de drogue, doit arriver mercredi 5 février en France où il sera incarcéré après un passage par le tribunal de grande instance de Bobigny, en région parisienne.
En 2005, cet artisan soudeur avait été arrêté dans une usine où des dizaines de kilos de drogue avaient été découverts et les autorités l'avaient accusé d'être un « chimiste ». Il a toujours revendiqué son innocence.
A son arrivée à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, prévue aux alentours de 10H00 heure locale (09H00 GMT), M. Atlaoui sera directement pris en charge par des agents de l'administration pénitentiaire puis amené au tribunal judiciaire de Bobigny, compétent pour l'aéroport, a indiqué une source proche du dossier.
Conférence de presse
Au tribunal, il sera « présenté au procureur qui lui notifiera son incarcération en France en exécution de sa peine », d'après le parquet de Bobigny. « Il sera ensuite conduit directement dans un établissement pénitentiaire déterminé par l'administration pénitentiaire », a poursuivi la même source.
Agé de 61 ans, Serge Atlaoui a quitté l'Indonésie mardi à 19H35 heure locale (12H35 GMT) après avoir été extrait de la prison de Salemba à Jakarta. Il est escorté par trois policiers français.
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Avant son départ, il a dû participer à une conférence de presse à l'aéroport de Jakarta, aux côtés de l'ambassadeur de France Fabien Penone et d'un responsable au ministère indonésien en charge des Affaires juridiques et des droits humains, I Nyoman Gede Surya Mataram.
Serge Atlaoui a toujours nié les faits
Venu de Metz, dans l'est de la France, ce père de quatre enfants s'est toujours défendu d'être un trafiquant de drogue, affirmant qu'il n'avait fait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique.
Initialement condamné à la prison à vie, il avait vu la Cour suprême alourdir la sentence et le condamner à la peine capitale en appel.
Il devait être exécuté aux côtés de huit autres condamnés en 2015, mais a obtenu un sursis après que Paris a intensifié la pression.
« Raisons humanitaires »
Demandé officiellement le 4 novembre par la France, son retour a été rendu possible par la signature d'un accord le 24 janvier entre les ministres français de la Justice Gérald Darmanin et indonésien Yusril Ihza Mahendra.
Dans cet accord, Jakarta explique avoir décidé de "ne pas exécuter" le prisonnier et d'autoriser son retour pour « raisons humanitaires » car « il est malade ». M. Atlaoui a suivi chaque semaine un traitement, ces derniers temps, dans un hôpital proche de sa prison.
« Je me réjouis que le combat que nous avons mené se solde par la victoire de la vie sur la mort », avait réagi mardi auprès de l'AFP son avocat Richard Sédillot. « Je vais maintenant m'employer à faire en sorte que la peine soit adaptée dans des conditions qui permettront sa mise en liberté ».
Une affaire qui avait fait grand bruit
L'affaire avait fait grand bruit en Indonésie, où la législation antidrogue est l'une des plus sévères du monde. Mais aussi en France où de nombreuses personnalités, dont la chanteuse franco-indonésienne Anggun, s'étaient mobilisées pour le soutenir.
L'Indonésie qui n'a plus procédé à une exécution depuis 2016, compte actuellement au moins 530 condamnés dans le couloir de la mort, selon l'association de défense des droits Kontras, citant des données officielles.
Parmi eux, plus de 90 étrangers, dont au moins une femme, selon le ministère de l'Immigration et des services correctionnels.
D'après l'association française Ensemble contre la peine de mort, outre M. Atlaoui, au moins quatre Français sont actuellement condamnés à mort dans le monde: deux hommes au Maroc, un en Chine ainsi qu'une femme en Algérie.